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Ma vie romanesque

mardi 17 septembre 2013

Relecture

Un roman, ce n'est d'abord que quelques idées, des mots, quelques lignes, que vous transformez, modelez, rallongez...
pendant des semaines, des mois, le roman, l'histoire, les personnages n'appartiennent qu'à vous. Vous pouvez, jusqu'à la dernière seconde, changer le nom des personnages principaux, décider que le méchant de la fin ne sera pas méchant finalement, et essayer tous les effets que vous voulez. c'est votre affaire.
Et puis, un jour, le roman est publié. Et là, vous ne pouvez plus en changer une ligne. Bizarrement, après l'avoir porté si longtemps, il ne vous appartient plus du tout, mais continue sa vie dans la tête de tous ceux qui l'ont lu, s'en sont emparés.
Et il y a l'entre-deux. L'accouchement, pourrait-on dire. Cette période infiniment délicate où votre roman, votre texte, qui n'est encore que le vôtre, est soumis à la relecture de deux, trois, quatre personnes qui, toutes, s'empressent (et pour le plus grand bien, évidemment) de traquer les répétitions, les éventuelles fautes, les incohérences. Et aussi les tournures un peu fantaisistes, tout ce qui ne sonne pas assez lisse, tout ce qu'on ne s'attend pas à voir dans "ce"roman en particulier. Et puis une virgule en trop par là, un espace insécable en pas assez par ici, une majuscule nichée dans un coin qui ne devrait pas. Bref, beaucoup de choses.
Et là, bien sûr... bien sûr...
Imaginez le malheureux auteur (les autres, hein, pas moi, tout de même !) s'arracher les cheveux sur sa copie. "Quoi, mais qu'est-ce qu'elle a cette phrase ? Elle allait très bien, cette phrase !" "Mais bon sang, de couper ici, on perd tout le rythme ! Cette virgule était NE-CES-SAIRE !" "Bien sûr que si, une bassine existe au Moyen âge, évidemment ! je sais de quoi je parle tout de même !"
Hum.
Tousse tousse.

Ce qui chatouille le plus l'ego de l'auteur, ce n'est pas d'être critiqué. mais c'est de ne pas être compris. Un soupçon d'ironie dans une phrase : pas compris. Un désir d'insister, ou, au contraire, de temporiser : pas compris. La relecture, c'est le moment où l'on se heurte le plus violemment aux limites du langage. Parce que personne ne peut totalement comprendre, et à chaque phrase, ce que vous avez dit. parce que personne n'est dans votre tête, dans votre coeur, capable de vous suivre à 100% dans chacun de vos détours surtout si, assez malicieusement, vous les multipliez. Bien fait, tiens ! Mais vous avez toujours l'espoir que certains comprendront le petit clin d'oeil, apprécieront, comme vous, cette phrase, avec tous ses sous-entendus, et entendront comme vous les échos que tel mot fait naître. La relecture vous signale que, pour au moins quelques lecteurs, ça ne marche pas. Ou pas tout le temps.
Bref, la relecture, chers amis, c'est une longue patience.
Courage, plus que 311 pages à faire !