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Ma vie romanesque

lundi 11 mars 2013

lundi 4 mars 2013

Eloge du premier degré

Un petit sourire, un clin d'oeil ironique, une connivence assumée, recherchée, même. Nous sommes entre initiés, n'est-ce pas, nous avons déjà vu/lu cela cent fois, et nous savons nous en amuser.
Et si nous devenons trop nombreux à pratiquer le second degré, nous passerons au troisième, puis au quatrième. Facile, pour des gens aussi fins et intelligents que nous, ne croyez-vous pas ?
Sauf que...
Nous les auteurs, ne sommes que des emprunteurs. Nous travaillons sur des mythes, des sentiments dont nous n'explorerons jamais que la surface. C'est cette terra incognita individuelle et collective qui donne profondeur et relief à nos phrases plates et pleines de clichés. C'est le lecteur, c'est notre culture et aussi notre part sauvage qui font que les mots que nous avons écrits, ou les images que nous avons tournées, les musiques que nous avons imaginées (je serais bien incapable des deux derniers items, malheureusement), prennent soudain un sens allant bien au-delà de ce que nous avions en tête en écrivant/tournant.
Alors se tenir en permanence au dessus des flots ? Et risquer la déconnexion avec la racine de toutes les histoires ? Je dis non. Vive le premier degré.

Ne prenez évidemment pas cela pour parole d'Evangile. "L"écriture fait de toi quelqu'un qui se trompe tout le temps". C'est forcément vrai, puisque je l'ai lu, pas plus tard qu'hier soir, dans un roman de Philip Roth. Pastorale américaine, si vous voulez tout savoir. Il y a probablement un chouia de mise en abyme dans cette phrase, et aussi du second degré. Mais, je ne sais pas pourquoi, elle m'est allée droit au coeur.