Il y avait une ouverture, au fond de la pièce, fermée par une vieille porte de bel
ouvrage. Elle y introduisit la grande clef rouillée. La serrure
claqua, la porte s'ouvrit. Une fine poussière tomba sur les
premières marches d’un escalier qui semblait descendre jusqu’en
Enfer.
- C’est une
cave ? demanda Barthélémy, dévoré de curiosité.
- Presque,
presque !
Il emboîta le
pas à la vieille femme. L’humidité était palpable sur les murs,
dans l’air. Les odeurs organiques de l'appartement cédaient devant
celles de l'eau, de la pierre, de la poussière, teintées d'un
soupçon de salpêtre. L'escalier en vis descendait sans fin, dans un
air de plus en plus froid. Seul le léger raclement de leurs
chaussures de peau sur la pierre taillée rompait le silence. La
flamme de la petite lampe à huile vacilla dans la main de
Barthélémy ; un son de ruissellement leur parvint. Ils
posèrent le pied sur un sol dallé.
C'était une
petite grotte aménagée, ou une cave creusée. A la lumière
fugitive et dansante, Barthélémy chercha d'où provenait le bruit.
Ses yeux s'habituèrent, et son cœur se serra d'émotion. Un petit
bassin carré empli d'eau pure ridée de cercles concentriques était
à ses pieds ; l'eau s'y déversait, goutte à goutte, par un
tuyau de cuivre verdi provenant d'une petite vasque de pierre, située
dans un angle. A l'autre extrémité, une petite rigole conduisait
l'eau débordant vers une arche basse dans le mur. Des marques plus
anciennes d'humidité montraient que la source avait dû couler plus
fort autrefois. Des marches plongeaient vers le fond du bassin, que
la lueur orange de la flammèche ne parvenait pas à éclairer. Et
c'était tout : pas d'inscription en caractères étranges, pas
d'or ou d'images sacrées. Juste le son ténu de l'eau s'écoulant
dans le bassin, le froid, la quiétude.
- Alors ?
Chuchota la vieille femme.
- C’est un
bel endroit. A quoi sert-il ?
- Pour moi, à
rien. Mais « eux », à ce qu’ils m’ont dit, s’en
servent pour se baigner.
- Se baigner ?
Dans une cave ?
- Je ne les ai
pas crus, évidemment. J’aimerais savoir ce qu’ils cherchent,
bien sûr, et Sœur Anna m’a aidée, mais après tout ce temps,
s’ils avaient caché quelque chose ici, vous ne croyez pas que
j’aurais fini par le trouver ?
- Si, sans
doute. Ce bassin a l'air profond. L'avez-vous sondé ?
- Mon fils l'a
fait pour moi, mais il n'a rien trouvé qu'un système de bonde qui
permet de le vider. Et un tout petit peu d'argile déposée au fond.
Qui croirait que l'eau pût être aussi pure ?
- C'est
extraordinaire.
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